20 décembre 2008

Olivier Bardolle, sur l'instinct grégaire

« Ce catastrophique besoin d'adhésion, cet instinct primitif qui pousse les hommes à se regrouper dans un grégarisme hébété, constitue le grand préjudice de l'espèce. Peu importe l'idée, peu importe la cause ou la direction prise, pourvu qu'on soit ensemble, bien au chaud au cœur du troupeau, débarrassé enfin de sa responsabilité. Le groupe, qui tient lieu de pensée, consacre alors la déchéance de l'homme libre. Sans ce phénomène pernicieux, il n'y aurait jamais eu Auschwitz. »

Olivier Bardolle, Le monologue implacable, publié aux Editions Ramsay (2003)

BUKOWSKI : Conseil Amical à un Tas de Jeunes Gens

Allez au Tibet.
Faites du chameau.
Lisez la Bible.
Teintez vos chaussures en bleu.
Laissez-vous pousser la barbe.
Faites le tour du monde en canoë de papier.
Abonnez-vous au Saturday Evening Post.
Ne mâchez que du côté gauche de la bouche.
Epousez une unijambiste et rasez-vous avec un coupe-chou.
Et gravez votre nom sur son bras.
Brossez-vous les dents à l'essence.
Dormez toute la journée et grimpez aux arbres la nuit.
Faites-vous moine et buvez des chevrotines et de la bière.
Mettez la tête sous l'eau et jouez du violon.
Faites la danse du ventre devant des bougies roses.
Tuez votre chien.
Présentez-vous comme maire.
Vivez dans un tonneau.
Fendez-vous la tête avec une hachette.
Plantez des tulipes sous la pluie.

Mais n'écrivez pas de poésie.



Charles Bukowski, Avec les damnés.

Olivier Bardolle, sur la nature humaine

« C'est seulement quand ils sont bien malades qu'on peut approcher les hommes sans danger, les connaître un peu mieux. A un certain niveau de fièvre, ils perdent un peu de leur vice et cessent leur mascarade. Le meilleur de l'humanité gît dans les hôpitaux, à l'extérieur on ne rencontre que des prédateurs en puissance, intoxiqués par l'ambition et la surconsommation. »

Olivier Bardolle, Le monologue implacable, publié aux Editions Ramsay (2003)

13 décembre 2008

BUKOWSKI : confession

attendant la mort
comme un chat
qui sautera sur le
lit

je suis si triste pour
ma femme

elle verra ce
corps
raide
blanc

le secouera une fois,
peut-être deux :

" Hank ! "

Hank ne répondra
pas

ce n'est pas ma mort qui
m'inquiète, c'est ma femme
laissée seule avec cette
pile de
néant

je veux
qu'elle sache
cependant
que toutes les nuits
passées à dormir
à ses côtés

et même les futiles
disputes
ont toujours été
des splendeurs

et les mots
difficiles
que j'ai toujours eu peur de
prononcer
je peux à présent les
dire :

je
t'aime.


Charles Bukowski, poème extrait de Avec les damnés  (1993).
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