25 novembre 2012

Louis-Ferdinand Céline, sur la télévision


« (...) Revenons à la télévision. Elle est utile pour les gens qui ne sortent pas, pour ma femme par exemple. J'ai un poste, au premier étage, mais je ne monte jamais. C'est un prodigieux moyen de propagande. C'est aussi, hélas ! un élément d'abêtissement, en ce sens que les gens se fient à ce qu'on leur montre. Ils n'imaginent plus. Ils voient. Ils perdent la notion de jugement, et ils se prêtent gentiment à la fainéantise.
La TV est dangereuse pour les hommes.
L'alcoolisme, le bavardage et la politique en font déjà des abrutis. Était-il nécessaire d'ajouter encore quelque chose ?
Mais il faut bien l'admettre. On ne réagit pas contre le progrès. Vous arriverait-il d'essayer de remonter les chutes du Niagara à la nage ? Non. Personne ne pourra empêcher la marche en avant de la TV. Elle changera bientôt tous les modes de raisonnement. Elle est un instrument idéal pour la masse. Elle remplace tout, elle élimine l'effort, elle accorde une grande tranquillité aux parents. Les enfants sont passionnés par ce phénomène.
Il y a un drame aujourd'hui : on pense sans effort.
On savait bien mieux le latin lorsqu'il n'y avait pas de grammaire latine. Si vous simplifiez l'effort, le cerveau travaille moins. Le cerveau, c'est un muscle : il devient flasque.
Un exemple, les femmes avaient du mollet sous l'Occupation. Elles marchaient. Aujourd'hui, c'est le triomphe de la mécanique, nous sommes au royaume des belles voitures. Les femmes n'ont plus de jambes, elles sont affreusement laides. Les hommes ont du ventre.
C'est toute la civilisation du monde qui est condamnée par le côté raisonnable de la vie. On vit d'optimisme. La vie commence à cinquante ans et tout le drame est là, car c'est alors un débordement de passions. A cet âge, l'homme court après les petites filles, il s'habille plus jeune, il va au thé dansant, il boit, car l'alcool donne une illusion de force. Il se soûle de tout.
Comprendra-t-il un jour que, passé la trentaine, il s'en va vers sa fin ? (...) »

Louis-Ferdinand Céline, au cours d'un entretien avec Jacques Chancel paru dans le numéro 117 de Télé Magazine daté du 11 janvier 1958.

4 novembre 2012

Pierre GAXOTTE : Le nouvel Ingénu

Sans prétention. C'est ainsi que Pierre Gaxotte (1895-1982) présentait ce petit livre, à sa sortie en 1972. Il faut dire que ce texte, l'historien l'avait rédigé dans une première mouture sous un prétexte plus ludique que littéraire. Comme Gaxotte le rappelle dans le quatrième de couverture, c'est en effet en guise de support à un concours d'erreurs sur le thème historique que que ce Nouvel Ingénu vit d'abord le jour en 1954, à la demande de Pierre Brisson alors directeur du Figaro. Une vingtaine d'années plus tard, Pierre Gaxotte s'amusait à remanier ce texte, et de la version d'origine, le petit jeu qui l'avait initialement motivé était expurgé, et l'histoire remise au goût du jour pour obtenir une sorte de conte satirique qui tranchait assez vivement avec l’œuvre d'historien de son auteur, spécialiste entre autre de l'Ancien Régime.

A lire la petite présentation au dos du livre, on découvre un vieux monsieur sémillant mais un peu honteux de se livrer à pareille farce, et pourtant, de farce il n'est à mon avis pas du tout question dans ce livre. Gaxotte a beau s'accuser de n'avoir aucune imagination, de ne pas être un romancier, et de piller Voltaire de manière éhontée, la fable qu'il nous livre est une délicieuse récréation pour quiconque se plait à entendre quelques fausses notes dans l'hymne permanent à la prodigieuse modernité.

Quelques années après les grands chamboulements de mai 68, Pierre Gaxotte nous offre le panorama haut en couleur d'un homme en retrait et sourd aux injonctions de ses contemporains. Pierre Gaxotte n'est pas un homme en colère, il laisse volontiers les vociférations et le tumulte à ceux qu'il raille, ceux dont la colère et l'indignation sont précisément le fonds de commerce. L'historien photographie la société moderne avec plus de malice que d'aigreur, une malice teintée de beaucoup de dérision mais aussi d'une certaine forme de bienveillance, même si ses mots ou ceux qu'il prête à certains de ses personnages ne donnent pas tellement dans la tendresse.

« On parla de l'architecture moderne, pour déplorer le manque d'imagination des architectes qui ne savent qu'entasser les logements l'un sur l'autre, comme s'il s'agissait de cabanes à lapins. Gérard fit remarquer qu'on était, en effet, à l'âge de la procréation lapine et que tout en redoutant les misères, les famines, les troubles et les guerres qui naissent de la surpopulation, toutes les autorités civiles et religieuses poussent hommes et femmes à fabriquer sans lassitude des portées d'enfants. « Puisqu'on le paie pour cela, conclut-il, quand le citoyen veut augmenter son revenu, il ne retrousse pas ses manches, il se met au lit. » (...) » (p.154)

« (…) il acheta un électrophone et tous les disques du chanteur qui né Bouille, s'appelait au théâtre Jeni Amazan, en toute simplicité. Après des débuts obscurs, Amazan s'était fait une spécialité, que deux ou trois femmes barytons et deux vieux anarchistes presque aphones étaient seuls à lui disputer : les barricades, les pétroleuses, les souteneurs, les filles-mères, les assassins au cœur tendre, les bagnards pétris de vertu, victimes d'une société sans entrailles. Il flétrissait l'armée, la marine, l'aviation, les propriétaires, les réfugiés d'Algérie, l'assistance publique, la magistrature, la police, le fisc, les patrons, l'Enregistrement, la guerre atomique, les colonies, l'héritage et le capital. Il demandait des cachets fabuleux, complétés par de copieux dessous de table. Il possédait de nombreux immeubles, plusieurs voitures et se produisait chaque année à la fête de l'Humanité. (...) » (p.91)

« (…) Il écouta des écrivains, de célébrité inégale, qui, tous, criaient leur amour de l'humanité pour se donner le droit de détester leurs proches et de haïr leurs confrères. Et d'autres qui, gagnant leur vie à raconter des histoires de cocus, croyaient sérieusement travailler à l'accélération de l'histoire. Il écouta des jeunes gens aisés qui lui expliquèrent que c'était une malédiction d'être né riche et qui lui tournèrent le dos quand il leur dit sans malice qu'ils échapperaient à la malédiction en distribuant leur argent aux pauvres. Il entendit un monsieur très majestueux déplorer rétrospectivement la mort de M. le général de Gaulle survenue au mois de novembre l'année précédente :
La France est veuve, dit-il.
Elle est surtout divorcée, objecta l'Ingénu qui tenait du Philosophe triste que ce chef d'Etat avait été congédié par plébiscite. Le Monsieur majestueux et décoré lui tourna aussi le dos.
(…)
Dans une boîte de nuit, il écouta des réformateurs de dix-huit ans qui, le verre en main, tenaient des propos confus, puérils et sanguinaires.
D'abord foutre tout en l'air, disait le plus modéré. On verra ensuite.
L'ingénu connaissait ce romantisme et il n'essaya pas de répondre. Il écoute des apologistes de la violence qui se plaignaient avec indignation d'avoir reçu un coup de pied au cul. Il écouta des sportifs qui ne pratiquaient aucun sport, mais qui suivaient tous les matches de rugby à la télévision. Il écouta des journalistes dépositaires de la conscience universelle qui lui reprochèrent de ne pas se sentir concerné par l'exécution de militaires soudanais, dont il eût situé difficilement le pays sur la carte. Il apprit à placer à propos les mots et les expressions : problème, image de marque, génocide, sous-développement, conformisme de la chair, potentialité, fiabilité, aggiornamento, désacralisation, aliénation, surchauffe, clignotant et il découvrit non sans surprise que body stocking, birth control, brain power, check up, design, planning étaient désormais du français. (…) » (pp.66-67)

Et parlons de ces personnages, et plus particulièrement du Philosophe et du Libraire, les deux compères de l'Ingénu, personnage central mais finalement un peu accessoire dont il sera question un peu plus loin. Tour à tour, ces deux esprits frondeurs germanopratins, hommes d'expérience dans un nouveau monde de bleu-bites arrogants, ouvrent le feu sur une société post-soixante-huitarde qui fonce en contre-sens, la tête dans le guidon et sirènes hurlantes. Endoctrinement massif, hypocrisie débridée, contestation systématique, sentimentalisme, perte des valeurs morales, fourvoiement de la littérature, soumission au progrès, suprématie de la télévision, du vedettariat, de la mode, bref : abêtissement et inconséquence généralisés, les cibles ne manquent pas pour le rabat-joie, et c'est avec une verve bien assaisonnée que Pierre Gaxotte entraîne ses personnages dans des croisades aussi désespérées sur le fond que savoureuses dans leur forme.

« (...) Notre temps est effroyablement monotone. Ce qui paraît neuf n'est qu'une vieillerie retournée. La guerre d'Algérie a été une fontaine de jouvence pour de vieux littérateurs fourbus, désertés par l'inspiration. Ils avaient jeté les anathèmes et décrété les proscriptions après le départ des Allemands. Alors ils étaient tous plus guerriers que Déroulède et le franc-tireur était leur dieu. En quête d'un public de rechange, ils s'employèrent avec la même sainte fureur à fournir aux jeunes gens qui ne voulaient pas se battre des justifications religieuses, historiques, morales, philosophiques, humanitaires... La défaite qu'ils appelaient est venue. Ils risqueraient de se trouver sans emploi si le communisme n'avait fait croire à la bourgeoisie la plus sotte du monde que lui seul marche dans le sens de l'histoire. Les voilà donc qui l'encensent, le prônent et le justifient quand il tue un peu trop. Ils ignorent tout ce qui altère l'image qu'ils en veulent donner et n'acceptent la discussion qu'avec les personnes qui pensent comme eux ou qui sont prêtes à leur rendre les armes. Aussi, Mme de Beauvoir, interprète fidèle de M. Sartre, appelle-t-elle « contre-pensée » tout ce qui n'est pas communiste. Cette hauteur dogmatique sent le pédagogue, habitué à parler du haut d'une chaire. Les professeurs, en effet, réussissent parfaitement dans cette littérature, car le vulgaire s'imagine qu'ils apportent à la politique les qualités de méthode, de prudence et de rigueur qu'ils sont censés montrer dans leurs classes. A la vérité, les évènements de 68 les ont un peu découverts : on a vu qu'ils n'étaient — ceux dont je parle — que des politiciens comme les autres. L'appellation d'intellectuel qui transformait en caste nobiliaire les gens de laboratoires et de bibliothèques a perdu de son éclat, depuis qu'un professeur de l'Université de Tours s'est mis tout nu en public, afin de mieux défendre la projection des films pornographiques. Il n'appartient pas à n'importe qui de montrer aux populations son derrière et son devant. (...) » (Le Libraire, pp.120-122)

« (…) Il conseillait aussi aux étrangers, mal instruits de la grande révolution de 1968 d'acheter au plus tôt un des recueils, où de probes enquêteurs ont rassemblé les textes des inscriptions relevées sur les murs. Avec pertinence, il en commentait quelques-unes au hasard :
« Je voudrais dire quelque chose, mais je ne sais pas quoi. » N'est-ce pas la synthèse pathétique de la pensée française contemporaine ? Et celle-ci ? « Je suis un con. » Dans sa brièveté fulgurante ne nous fait-elle pas toucher l'absolu ? (...) » (Le Philosophe, p.180)

« (…) quoiqu'on dise, le vrai n'est pas aimable. (...) » (Le Philosophe, p.170)

« (…) nos postes de radio, en ajoutant l'une à l'autre toutes leurs émissions, doivent diffuser chaque jour vingt ou trente heures de musique, c'est-à-dire vingt ou trente heures de disques. Comment l'auditeur respecterait-il une denrée si commune qui est distribuée avec une si méprisante prodigalité, qui s'obtient sans le moindre effort en tournant un bouton, comme on tourne un robinet. On allait au concert pour écouter Mozart, Beethoven, Wagner avec ferveur, avec recueillement. Aujourd'hui on les écoute sans les désirer, en se rasant, en prenant son bain, en mangeant... Que dis-je ? On n'écoute rien. C'est un bruit de fond que l'on interrompt pour n'importe quel motif. Parce que quelqu'un a sonné, parce qu'il faut répondre au téléphone, partir pour l'atelier ou le bureau, on coupe Debussy ou Ravel ! C'est une indécence perpétuelle. (...) » (Le Libraire, p.150)

« (…) Jadis, (…) l'artiste ambitionnait la gloire qui est longue à venir. Aujourd'hui il n'ambitionne plus que le succès. Je reconnais que le succès a l'avantage de la rapidité et qu'il est plus substantiel. Ce n'en est pas moins une décadence. (...) » (Le Philosophe, p.144)

« (…) Vous ne sauriez croire, Monsieur, ce qu'on lit maintenant. Depuis qu'une des Universités parisiennes a sacré Marx, Lenine et Mao auteurs obligatoires pour l'obtention d'un diplôme de lettres classiques françaises, depuis que la méditation des bandes dessinées chasse dans l'enseignement supérieur la connaissance des grands écrivains, qui formait l'esprit et le caractère, mes rayons sont remplis de livres sur la drogue, la sexualité, la guerre du Viet Nam, la prétendue révolution de 68, les miracles de la Chine rouge, l'avènement fatal du communisme, sans parler des souvenirs de bagnards, ni des révélations sur les amours des princesses exotiques. Ce fatras me pèse, mais il me faut bien vendre ce que le chaland désire acheter. (...) » (Le Libraire, pp.119-120)

« (…) Depuis le saint roi Louis IX, il existait chez nous des maisons que l'on disait tantôt closes et tantôt publiques. A la vérité, si les volets étaient clos, la porte s'ouvrait largement. Les jeunes garçons trouvaient à l'intérieur des dames aimables, expérimentées et peu vêtues qui les faisaient monter dans leurs chambres, où, en se jouant, elles les débarrassaient de leur ignorance et de leurs complexes. A l'instigation d'une dame qui se disait dépositaire de la conscience publique, parce qu'elle était puissamment soutenue par un parti né dans les sacristies, on a fermé ces maisons. Ce qui se faisait à huis clos, sans bruit et à petit frais, se mime donc aujourd'hui en public et en musique sur la scène de plusieurs théâtres, se voit sur les écrans de cinémas et envahit les publications illustrées. La dame qui a voulu en remontrer à saint Louis a créé dans notre nation un gigantesque refoulement, que suit tout naturellement un défoulement compensateur. Il n'y a rien de mystérieux dans ce phénomène. Saint Louis n'avait pas lu Freud, mais il connaissait l'humanité et il avait du bon sens. Un autre grand malheur est que les personnes qui s'exhibent le plus volontiers sans vêtement sur les plages et même dans la rue, sont loin d'être celles dont la plastique réjouirait les yeux. (...) » (Le Philosophe, pp.113-115)

« Ce soir-là, il y eut une bagarre boulevard Saint-Germain et boulevard Saint-Michel. Des jeunes gens s'étaient réunis salle de la Mutualité pour flétrir les actes d'un dictateur africain qui venait de trahir la pensée de Mao-tse-toung. C'est une des conséquences de la prétendue information radiophonique et télévisée que chacun se mêle des affaires de tout le monde, prend parti à propos de n'importe quoi, se croit instruit de tout et s'imagine posséder une conscience morale à la dimension des cinq continents. A la sortie, les auditeurs s'en étaient pris aux gardiens de la paix, qui prétendaient les empêcher de casser les vitrines. Des cris assourdis et des bruits de galopade parvenaient à la terrasse du Flore.
Ces incidents sont devenus fréquents, dit le Philosophe, surtout depuis que la France est réduite à son petit territoire métropolitain. Peut-être les bagarreurs sont-ils exaspérés de s'y sentir à l'étroit. Je me demande toutefois si la véritable cause des batailles n'est pas une obnubilation de la sensibilité. Ces jeunes gens supportent sans gêne et même avec plaisir les bruits effroyables de la ville, les odeurs nauséabondes, les éclairages violents et contrastés, qu'ils considèrent comme la marque de leur temps. Avec la pétarade des motocyclettes, il leur faut des excitants brutaux, des sons stridents, des musiques assourdissantes. Il en résulte à coup sûr une dégénérescence de leur faculté de perception. Aussi, pour la réveiller, cherchent-ils à se donner des émotions violentes ou bestiales, telles qu'on en trouve à la guerre. Guerre de rues, sans doute. Mais guerre. Ils s'y livrent avec d'autant plus d'ardeur que le monde d'aujourd'hui vit dans l'incohérence et le désordre mental, comme le montre son incapacité à se donner une morale, une politique, un idéal, des lois respectées et même de véritables monnaies. La haute perfection des principes physiques, chimiques, biologiques passés dans le commun enseignement coïncide avec l'obscurcissement et le chaos des idées sociales, historiques, politiques, juridiques, économiques, esthétiques... Il n'y a donc pas de raison pour que le calme revienne. (...) » (pp.73-75)

« (…) La plupart de nos écrits périodiques ne méritent pas d'être lus, de même que les petites choses qu'ils rapportent ne méritaient pas d'être écrites. (...) » (Le Philosophe, p.48)

Quant à l'Ingénu de cette histoire, c'est un esprit entre deux eaux. Un jeune touriste américain, indien de la tribu des Hurons enrichi par le pétrole, à la découverte d'une culture et d'une société qu'il ne comprend pas très bien. Jeune homme curieux, tiraillé entre sa naïveté et une quête de vérité devenue plus rare en ce monde que l'or noir ayant fait la fortune du Huron.

« (…) Le robinet de la cuisine laissait couler un filet d'eau. Ils prirent rang chez le plombier qui était vieux et seul, car ses fils et ses apprentis s'étaient inscrits à Vincennes où ils suivaient des cours de sociologie. Puis ils allèrent à la Sorbonne. Guy fit, en petit comité, une leçon brillante, à laquelle avaient aussi travaillé Toto, Gérard, Michel et Marco. Il fut félicité par le maître-assistant, auquel il dit honnêtement que c'était une œuvre collective. Comme l'esprit d'équipe est à la mode, les Cinq furent donnés en exemple. Ils n'en éprouvèrent qu'un peu de gêne, car ils n'étaient pas vaniteux et n'aimaient pas qu'on les mît en avant. » (p.94)

« (…) La vertu, dans les commencements a besoin d'être soutenue par les suffrages de l'estime publique. (...) » (p.83)

« (…) Tous les philosophes en tombent d'accord : pour être heureux et sage, il faut être sans passions. Le monde n'offre à nos désirs que des objets trompeurs et périssables. (...) » (p.76)
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