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16 décembre 2009

BUKOWSKI : vies de merde

le vent souffle fort ce soir
un vent glacial
et je pense aux
copains à la rue.
j'espère que quelques-uns ont une bouteille
de rouge.

c'est quand on est à la rue
qu'on remarque que
tout
est propriété de quelqu'un
et qu'il y a des serrures sur
tout.
c'est comme ça qu'une démocratie
fonctionne :
on prend ce qu'on peut,
on essaie de le garder
et d'ajouter d'autres biens
si possible.

c'est comme ça qu'une dictature
aussi fonctionne
seulement elle a soit asservi soit
détuit ses
rebuts.

nous on se contente d'oublier
les nôtres.
dans les deux cas
le vent
est fort
et glacial. 



Charles Bukowski, Avec les damnés.

14 novembre 2009

BUKOWSKI : 40 000 mouches

déchirés par un tourbillon
on se remet ensemble

vérifie les murs et le plafond à la recherche des fissures
et des éternelles araignées

se demande s'il y aura encore une autre
femme

et maintenant 40 000 mouches courent sur les bras de mon
âme
et chantent
j'ai trouvé un bébé d'un million de dollars
dans une boutique à
5 et 10 sous

les bras de mon âme ?
des mouches ?
qui chantent ?

qu'est-ce que c'est que ces
conneries ?

c'est si facile d'être un poète
et si dur d'être
un homme.



Charles Bukowski, Jouer du piano ivre comme d'un instrument à percussion jusqu'à ce que les doigts saignent un peu (traduction française de Michel Lederer / 1992)

5 février 2009

BUKOWSKI : la mort - fière - maigre

je vois des vieux à la retraite dans les
supermarchés et ils sont maigres et ils sont
fiers et ils vont mourir
ils crèvent de faim debout et ne disent
rien. longtemps auparavant, entre autre mensonges,
on leur a appris que le silence était signe de
courage. maintenant, après une vie de travail
l'inflation les a piégés. ils regardent autour d'eux
volent un grain de raisin
le mâchent. finalement ils font un tout petit
achat, équivalent à ce qu'ils touchent chaque jour.
un autre mensonge qu'on leur a appris :
tu ne voleras point.
ils préféreraient mourir de faim que voler
(un grain de raisin ne les sauvera pas)
et dans leurs chambres minuscules
devant des pubs de bouffe
ils mourront de faim
crèveront sans un bruit
sortis des meublés
par de jeunes garçons blonds aux longs cheveux
qui les glisseront dans le fourgon
démarreront, ces
garçons
aux beaux yeux
pensant à Las Vegas et aux chattes et
à la victoire.
c'est dans l'ordre des choses : chacun
a un goût de paradis
avant l'enfer.
 


Charles Bukowski, Avec les damnés.

1 février 2009

BUKOWSKI : La cause et l'effet

les meilleurs meurent souvent de leur propre main
juste pour se libérer
et ceux qui restent
ne comprennent jamais vraiment
pourquoi
on voudrait
se libérer
d'eux


Charles Bukowski
, poème extrait du recueil Le ragoût du septuagénaire (1990) / Éditions Grasset et Livres de Poche / Traduction de Michel Lederer.

20 décembre 2008

BUKOWSKI : Conseil Amical à un Tas de Jeunes Gens

Allez au Tibet.
Faites du chameau.
Lisez la Bible.
Teintez vos chaussures en bleu.
Laissez-vous pousser la barbe.
Faites le tour du monde en canoë de papier.
Abonnez-vous au Saturday Evening Post.
Ne mâchez que du côté gauche de la bouche.
Epousez une unijambiste et rasez-vous avec un coupe-chou.
Et gravez votre nom sur son bras.
Brossez-vous les dents à l'essence.
Dormez toute la journée et grimpez aux arbres la nuit.
Faites-vous moine et buvez des chevrotines et de la bière.
Mettez la tête sous l'eau et jouez du violon.
Faites la danse du ventre devant des bougies roses.
Tuez votre chien.
Présentez-vous comme maire.
Vivez dans un tonneau.
Fendez-vous la tête avec une hachette.
Plantez des tulipes sous la pluie.

Mais n'écrivez pas de poésie.



Charles Bukowski, Avec les damnés.

13 décembre 2008

BUKOWSKI : confession

attendant la mort
comme un chat
qui sautera sur le
lit

je suis si triste pour
ma femme

elle verra ce
corps
raide
blanc

le secouera une fois,
peut-être deux :

" Hank ! "

Hank ne répondra
pas

ce n'est pas ma mort qui
m'inquiète, c'est ma femme
laissée seule avec cette
pile de
néant

je veux
qu'elle sache
cependant
que toutes les nuits
passées à dormir
à ses côtés

et même les futiles
disputes
ont toujours été
des splendeurs

et les mots
difficiles
que j'ai toujours eu peur de
prononcer
je peux à présent les
dire :

je
t'aime.


Charles Bukowski, poème extrait de Avec les damnés  (1993).

28 septembre 2008

BUKOWSKI : Seul avec tout le monde

la chair recouvre les os
et ils y mettent un cerveau et
parfois une âme,
et les femmes jettent
les vases contre les murs
et les hommes boivent beaucoup
trop
et personne ne trouve
son pendant
mais tous gardent
un espoir
rampant d'un lit
à l'autre.
la chair recouvre
les os et la
chair cherche
plus cher
que la chair.

il n'y a aucun
salut :
nous sommes tous
soumis
à un destin singulier.

personne ne trouve
son pendant.

la ville se remplit d'ordures
les dépotoirs se remplissent
les asiles se remplissent
les hôpitaux se remplissent
les cimetières se remplissent
ce sont bien les seules choses
qui se remplissent.



Charles Bukowski, poème extrait de L'amour est un chien de l'enfer (1977).

4 mars 2008

BUKOWSKI : Le génie de la foule

Note du 10 novembre 2011 :

La version reproduite ici précédemment étant, comme l'avaient remarqué certains visiteurs, tronquée et typographiquement imparfaite, voici la version complète, telle qu'elle figure dans l'anthologie Avec les damnés (1993 / 2000 pour la traduction française).

Les variantes n'étant pas négligeables, et la traduction de la version longue me semblant parfois très sommaire, je laisse les deux versions pour ceux qui voudraient comparer.

Probable que vienne s'y ajouter une troisième version, originale cette fois, dès que je l'aurais trouvée telle qu'elle fut publiée en 1966 dans la plaquette du même nom (The Genius Of The Crowd). Avis à d'éventuels contributeurs.

« 
Il y a assez de traîtrise, de haine,
                       de violence,
d'absurdité chez l'être humain
                       moyen
pour approvisionner n'importe quelle armée n'importe
   quel jour.
ET Les plus Doués Pour Le Meurtre Sont Ceux
   Qui Prêchent Contre
ET Les Plus Doués Pour La Haine Sont Ceux
   Qui Prêchent L'AMOUR
ET LES PLUS DOUÉS POUR LA GUERRE
– FINALEMENT – SONT CEUX QUI
PRÊCHENT LA

                                 PAIX

Ceux Qui Prêchent DIEU
   ONT BESOIN De Dieu
Ceux Qui Prêchent La PAIX
   N'Ont Pas La Paix.

CEUX QUI PRÊCHENT L'AMOUR
   N'ONT PAS L'AMOUR
ATTENTION AUX PRÊCHEURS
Attention A Ceux Qui Savent.

                 Attention
                 A Ceux Qui
                 LISENT
                 TOUJOURS
                 DES LIVRES

Attention A Ceux Qui Soit Détestent
   La Pauvreté Soit Sont Fiers D'Elle

ATTENTION A Ceux Qui Sont Prompts A Glorifier
Car Ils Ont Besoin D'Être GLORIFIÉS En Retour
ATTENTION A Ceux Qui Sont Prompts A Censurer :
Ils Ont Peur De Ce Qu'Ils Ne
Connaissent Pas

Attention A Ceux Qui Recherchent
La Foule : Ils Ne Sont Rien
Seuls

                 Attention
                 A L'Homme Moyen
                 A La Femme Moyenne
                 ATTENTION A Leur Amour

Leur Amour Est Moyen, Tend A
La Moyenne
Mais Il Y A Du Génie Dans Leur Haine
Assez De Génie Dans Leur
Haine Pour Vous Tuer, Pour Tuer
N'importe Qui.

Ne Voulant Pas La Solitude
Ne Comprenant Pas La Solitude
Ils Tenteront De Détruire
Tout
Ce Qui Est Différent
D'Eux

                   Incapables
                   De Créer L'Art
                   Ils Ne
                   Comprendront Pas L'Art

Ils Considéreront Leur Échec
En Tant Que Créateurs
Uniquement Comme L'Échec
Du Monde

Incapables D'Aimer Pleinement
Ils Jugeront Votre Amour
Incomplet
ET ILS VOUS
HAÏRONT

Et Leur Haine Sera Parfaite
Comme Un Diamant
Comme Un Couteau
Comme Une Montagne
COMME UN TIGRE
COMME De La Ciguë

                    Leur Plus Bel
                    ART 
»

++++++++++++++++++++++++++++

VERSION TRONQUÉE :

Il y a assez de traitrise, de haine, de violence,
D'absurdité dans l'être humain moyen
Pour approvisionner à tout moment n'importe quelle armée
Et les plus doués pour le meurtre sont ceux qui prêchent contre
Et les plus doués pour la haine sont ceux qui prêchent l'amour
Et les plus doués pour la guerre - finalement - sont ceux qui prêchent la paix

Méfiez-vous
De l'homme moyen
De la femme moyenne
Méfiez-vous de leur amour

Leur amour est moyen, recherche la médiocrité
Mais il y a du génie dans leur haine
Il y a assez de génie dans leur haine pour vous tuer, pour tuer n'importe qui

Ne voulant pas de la solitude
Ne comprenant pas la solitude
Ils essaient de détruire
Tout
Ce qui diffère
D'eux

Étant incapables
De créer de l'art
Ils ne comprennent pas l'art

Ils ne voient dans leur échec
En tant que créateurs
Qu'un échec
Du monde

Étant incapables d'aimer pleinement
Ils croient votre amour
Incomplet
Du coup, ils vous détestent

Et leur haine est parfaite
Comme un diamant qui brille
Comme un couteau
Comme une montagne
Comme un tigre
Comme la ciguë
Leur plus grand art.


Traduction (pas parfaite) d'un poème de Charles Bukowski, lu par lui-même dans le documentaire Bukowski de John Dullaghan, sorti en dvd chez Wild Side Vidéo (en France).
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