25 septembre 2014

Arthur Young, sur la conversation

Portrait d'Arthur Young, par John Russell (1794)
National Portrait Gallery, Londres

« (...) là où il y a beaucoup de politesse, il y a peu de discussion, et s'il n'y a ni discussion, ni controverse, que devient la conversation ? L'égalité d'humeur et la douceur de caractère sont les premières conditions d'une société particulière ; mais l'esprit, les connaissances ou l'originalité doivent en rompre la surface pour permettre à une certaine divergence d'opinions de se faire jour, ou bien la conversation ressemble à un voyage sur une plaine illimitée. »

Arthur Young, Voyages en France — 28 juin 1787 ; traduit de l'anglais par Henri Sée ; Librairie Armand Colin (1931) / republié aux éditions Tallandier (2009).

16 septembre 2014

Paul Léautaud, sur l'instruction publique

Portrait de Paul Léautaud par E.-A. Heuzé (1937)
Musée national d'art moderne, Paris

« L'instruction gratuite et obligatoire. Pour mieux former des citoyens modèles, bien soumis aux règles du régime et bien crédules aux bourdes qu'on leur sert. Le bon sens détruit, remplacé par la prétention. Anes à diplômes qui n'en restent pas moins des ânes, rien ne remplaçant l'intelligence et la curiosité d'esprit natives.
Disparition de l'esprit de fronde, de l'esprit satirique. Le gavroche loustic qui dégonflait les baudruches sociales d'un lazzi, n'existe plus. »

*

« Même appréciation pour ces jeunes gens, si grossiers de propos et de façons, pour ces gamines, si prétentieuses, que je vois chaque jour dans le train, munis de manuels et de cahiers d'études, qui peuplent les Facultés. De futurs déclassés qui, je l'espère bien, végéteront et expieront leur fétichisme des diplômes, qui ne leur auront rien conféré de plus qu'un petit savoir appris momentanément.
Un bon artisan, auprès de tous ces sots vaniteux, quel personnage sympathique ! »

Paul Léautaud, Propos d'un jour (1947) — Extraits de Notes retrouvées (1927-1934) ; Mercure de France.

12 septembre 2014

Louis-Ferdinand Céline, sur l'opportunisme


« (...) les haines partisanes sont « alimentaires »!... oubliez jamais! on s'est fait des « Situâtions » dans la purification, les mises en fosse des « collabos »... des gens qu'étaient juste que de la crotte sont devenus des « terribles seigneurs »... « vengeurs »... avec de ces énormes privilèges!... vous parlez qu'ils « résisteront » jusqu'à leur dernier quart de souffle!... jusqu'à leur dernière petite-fille se soit très gentiment mariée! le pire malheur des collabos, la providence qu'ils ont été pour la pire horde des bons à lape... dites-moi, Vermersh, Triolette, Madeleine Jacob, qu'est-ce que ça vaut devant une fraiseuse, une feuille de papier? un balai?... à la niche, hyènes! catastrophes! des aubaines, pas une fois par siècle! surprise-stupre des épiloconnes! c'est pas demain qu'ils vont renoncer à être les Très-Hautes-Puissances-Paladines de la plus formid' colique 39!... (...) »

Louis-Ferdinand Céline, D'un château l'autre ; Gallimard (1957).

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