10 février 2013

Henri Calet, sur le cinéma


« (...) Le cinéma, c'est notre théâtre, comme le poireau est l'asperge du pauvre. (...) »

Henri Calet, Le tout sur le tout (1948) ; éditions Gallimard.

5 février 2013

Premières lignes : La vie d'un simple de ÉMILE GUILLAUMIN


« Je m'appelle Etienne Bertin, mais on m'a toujours nommé « Tiennon ». C'est dans une ferme de la commune d'Agonges, tout près de Bourbon-l'Archambault, que j'ai vu le jour au mois d'octobre 1823. Mon père était métayer dans cette ferme en communauté avec son frère aîné, mon oncle Antoine, dit « Toinot ». Mon père se nommait Gilbert, dont on faisait « Bérot », car c'était la coutume, en ce temps-là, de déformer tous les noms.
Mon père et son frère ne s'entendaient pas très bien. Mon oncle Toinot avait été soldat sous Napoléon ; il avait fait la campagne de Russie, en était revenu avec les pieds gelés et des douleurs par tout le corps. Depuis, il avait pu se guérir à peu près ; néanmoins, aux brusques changements de température, les douleurs revenaient, assez vives pour l'empêcher de travailler. D'ailleurs, même quand il ne souffrait pas, il préférait aller aux foires, porter les socs au maréchal, ou bien se promener dans les champs, son « gouyard » sur l'épaule, sous couleur de réparer les brèches des haies, que de s'atteler aux besognes suivies. Son séjour à l'armée, le déportant du travail, lui avait donné du goût pour la flânerie et pour la dépense. Avec sa rasade d'eau-de-vie au réveil, sa pipe de terre toujours allumée, ses frais d'auberge, il était de force à utiliser pour son seul agrément tous les bénéfices de l'exploitation...
Si je raconte ces choses, ce n'est pas que j'aie eu la connaissance de les pouvoir apprécier par moi-même, mais je les ai entendu rapporter bien souvent chez nous. (...) »

Émile Guillaumin, La vie d'un simple (1904) ; Éditions Stock (1943/1974).

3 février 2013

Céline, sur l'éducation des enfants


« (...) l'enfance alors, c'était des gifles ! « Respire donc à fond, petite frappe ! vlac ! laisse ton nez tranquille, scélérat ! tu pues, tu t'es pas torché ! cochon !... » les illusions quant aux instincts sont venues aux familles plus tard, bien plus tard, complexes, inhibitions, tcétéra... « tu pues, tu t'es pas torché ! te farfouille pas la braguette ! » suffisait avant 1900... et tornades de beignes !... bien ponctuantes ! c'était tout !... le môme pas giflé tournait forcément repris de justice... frappe horrible !... n'importe quoi !... votre faute qu'il tournait assassin !... (...) »

Louis-Ferdinand Céline, D'un château l'autre (1957) ; Gallimard / Folio.
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