31 août 2014

François Mauriac, sur la renommée des écrivains


« (...) Ce sont les qualités d'un écrivain qui lui assurent la seconde place et ses défauts qui le mettent au premier rang. (...) »

François Mauriac, Bloc notes — 21 juillet 1953 ; éditions du Seuil.

29 août 2014

Paul Léautaud, sur le désir, les femmes, et le plaisir

Portrait de Paul Léautaud par Émile Bernard
Musée Calvet, Avignon




« (...) Ne compter sur rien. Ne rien chercher – me va parfaitement. Odieux d'aller rendre visite à une femme qu'on connaît à peine, à peu près arrêté qu'on fera l'amour. Pas de meilleur moyen pour rester en plan, – au moins pour moi. Tandis que laisser venir, attendre l'occasion, le moment, l'accord réciproque, sans y penser... On peut au moins compter sur quelque agrément quand on y arrive. Et puis, je suis toujours à ce point : je ne désire vraiment absolument rien. »

— 9 février 1933


« (...) Après bien de la conversation, étendue sur son divan, me demande de venir près d'elle. Deux ou trois baisers. Je constate qu'elle a encore son pyjama fermé. Je dis que c'est peu galant, pour la visite d'un monsieur. Elle a ce mot : « Mon Dieu, que les hommes sont bêtes! » Je demande l'explication. Après s'être fait prier : « Ce que cela veut dire ? Que ce qui gêne, il n'y a qu'à l'enlever. » Je lui ai expliqué que moi, je trouve bien mieux qu'on offre soi-même ce qui doit être offert. J'ai baissé le pyjama, peloté un peu. Heureusement il était tard. L'heure du dernier tramway. Je suis parti. »

— 12 février 1933


« (...) J'augmente mon expérience – tardive – sur les femmes. 1° Qu'il y en a beaucoup qui peuvent être fort agréables. 2° Que c'est une fameuse illusion (cela, il est vrai, je le sens depuis longtemps) de croire qu'il n'y en a qu'une (quand on est épris) qui soit la perle pour le plaisir. 3° Qu'il y a dans le nombre plus de putains dégourdies qu'on ne le croit. Ce que j'écris là est une niaiserie. Mais j'ai été dans ce domaine un niais longtemps. Il m'en reste du reste encore. (...) »

— 10 mai 1933


« Dix heures et demie du soir. M.D. [Marie Dormoy] pas venue. J'aurai certainement une lettre demain. Nous allons voir ce qu'elle va raconter. Probablement malade, ou obligée d'aller chez Vollard. Elle commence à m'agacer avec son esclavage Vollard. Je m'attends à ce qu'elle me dise un jour, elle aussi : « Mais, mon cher, vous ne me faites pas vivre. Quand on veut qu'une femme soit à votre disposition, on la fait vivre. » Entendu! Mais ce n'est pas moi qui suis allé la chercher. J'en ai assez de passer toujours après mille autres choses. Elle n'est pas jolie. Elle est comme un mannequin quand elle fait l'amour. Elle n'a rien de très agréable à montrer quand elle est nue. Elle devrait comprendre cela.
Quoiqu'il soit bien agréable, telle qu'elle est, de l'avoir l'été, pendant l'absence du « Fléau ». Surtout maintenant, que tous les deux arrivés à une certaine intimité et liberté physiques. Tout est ainsi dans la vie, dans tous les domaines : il faut savoir se contenter d'à peu près. (...) »

— 2 octobre 1933

Paul Léautaud, Journal particulier 1933 ; Mercure de France (1986).

28 août 2014

Émile Guillaumin, sur la fatuité


« (...) toute occasion de rire leur était précieuse. Après qu'ils eurent bu et mangé ferme, ils contèrent des histoires scabreuses, des récits d'orgie et d'amour de fraude. Ils parlaient aussi de leurs métayers dont ils raillaient la bêtise et la soumission, et de leurs propriétaires à qui ils se flattaient de faire avaler des bourdes invraisemblables. Je compris qu'ils se considéraient comme des gens très supérieurs, dominant le reste de l'humanité de tout le poids de leurs gros ventres, de toute la largeur de leurs faces rubicondes. Seul le jeune docteur ne paraissait guère s'amuser. Il avait en ville, à côté de la source chaude, son logement particulier, et il fréquentait peu la maison paternelle. Ses deux frères de même n'y faisaient plus que de rares et courtes apparitions.
« Ils n'ont pas les habitudes du père ; ce n'est plus le même genre », m'avait dit la servante.
J'en conclus qu'eux aussi, probablement, se jugeaient des hommes supérieurs, supérieurs à ce fermier campagnard qu'était leur père, et à ses amis. Ainsi va le monde. Chacun a sa façon de voir et de concevoir. Chacun se croit bien fort sans imaginer qu'à côté on le tient pour un imbécile. Il y a là de quoi consoler ceux qui ne sont pas supérieurs du tout. (...) »

Émile Guillaumin, La vie d'un simple (1904) ; réédition de 1943 aux éditions Stock.

27 août 2014

Georges Henein, sur Henri Calet et la littérature


« (...) Qu'attendez-vous donc du public, monsieur ? Le public demande son petit sirop aphrodisiaque préparé avec les ménagements dus à la pureté de ses intentions. Il en est toujours à la sérénade du feu Toselli, le public ! Il faut lui donner l'occasion de se masturber subrepticement avec un air de chercher son mouchoir dans la poche du pantalon. De la grâce. De la souplesse. Une bonne culture classique. Rien que des vitrines joliment éclairées. Gare à qui va au-delà de la vitrine.
Nous sommes tous immaculés monsieur, même si nos linges ne le sont pas !
Vous, du moins, vous en avez fini avec la lit-té-ra-tu-re. Vous êtes du côté de la vie. Du côté de la merde.
Continuez monsieur (...) »

Georges Henein, dans une lettre du 1er novembre 1935 adressée à Henri Calet à propos de son roman « La belle lurette » ; correspondance publiée dans la revue « Les grandes largeurs » — N°2-3 / Automne-hiver 1981.


21 août 2014

Paul Léautaud, sur les livres


« (...) Je suis d'avis que les livres n'apprennent rien. Ils nous aident seulement, quelquefois, à nous formuler de façon plus précise ce que nous pensons. (...) »

Paul Léautaud, Passe-Temps (1928) ; Mercure de France.

19 août 2014

Henri Calet, sur l'existence


« (...) Notre existence est faite de jours creux aboutés ; c'est pourquoi elle rend un son vide. »

Henri Calet, Le tout sur le tout (1948) ; Gallimard.




17 août 2014

Paul Léautaud, sur les écrivains


« (...) Être un homme de son époque, décrire les choses, parler des choses de son époque, non pas s'amuser à des reconstitutions grecques ou latines, c'est là le vrai écrivain, le seul qui compte. (...) »

Paul Léautaud, Vendredi 5 juin 1908, Journal littéraire, Tome 1 ; Mercure de France.

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