31 janvier 2008

Patrick BESSON : La femme riche

Depuis quelques années, lorsqu'un Figaro Magazine me tombe dans les mains, la première (et parfois la seule) chose que je m'empresse de lire, c'est la chronique de Patrick Besson, son "plateau télé" où il s'emploie chaque semaine à dégommer en règle la médiocrité des programmes du PAF, épinglant à travers ceux-ci l'absurdité et la vacuité de notre époque. Ses armes sont toujours les mêmes : humour grinçant, sens de la dérision, ironie cinglante. J'étais curieux de voir à quoi pouvaient ressembler ses romans, et la seule difficulté consistait dès lors  à choisir par quel bout commencer, la bibliographie de l'écrivain/journaliste comptant déjà plusieurs dizaines d'ouvrages. Mon choix se porta dans un premier temps sur La femme riche, un roman concis (moins de 130 pages) à lire d'une traite. Et difficile de faire autrement lorsque qu'on se plonge dans le récit de cet apprenti tueur à gages dont la mission - croit-il - est d'éliminer la femme d'un chirurgien esthétique dont il tombera hélas vite amoureux (de la femme, non du chirurgien !). On navigue dans le registre du thriller dans le sens où il y a un suspense qui nous tient en haleine jusqu'à la fin du récit, mais un thriller haut de gamme, qui ne se prend pas au sérieux, et truffé de phrases qui font "zing" pour reprendre l'expression d'une "blogueuse" qui ne fait pas moins zing. Le style de Besson est fidèle à ses chroniques, décapant, décalé, et finalement terriblement addictif. On ne peut lâcher le bouquin avant d'en avoir vu le bout, pour finalement en arriver à la conclusion qu'il faudra vite en dégotter un autre !

30 janvier 2008

Jim Harrison, sur les saisons de la vie

« (...) il alla s'asseoir au bord de l'étang pendant deux longues heures, pour observer les oiseaux et la quiétude de cette immobilité prolongée dans un environnement d'une telle beauté l'amena à se poser des questions fondamentales sur l'humanité. Il s'arrêta à l'idée que la vie n'était qu'une danse de mort, qu'il avait traversé trop rapidement le printemps et puis l'été et qu'il était déjà à mi-chemin de l'automne de sa vie. Il fallait vraiment qu'il s'en sorte un peu mieux parce que chacun sait à quoi ressemble l'hiver. »

Jim Harrison, dans Nord-Michigan (1976).

29 janvier 2008

Louis-Ferdinand CÉLINE : Voyage au bout de la nuit

Je le confesse, j'ai attendu la trentaine pour me plonger dans l’œuvre de Céline. Découverte tardive de l'un des écrivains français les plus mémorables du XXème siècle, mais peut-être nécessaire pour mieux l'apprécier et le comprendre. Premier avertissement, ne comptez pas sur moi pour faire le procès du Céline pamphlétaire des années 30. D'une part, je n'ai lu aucun de ses pamphlets, de l'autre, il serait sacrément présomptueux de donner des leçons post-mortem à un écrivain de cette trempe, et la manie qui consiste à rejuger les actes de nos aïeux a postériori en ne tenant jamais compte des contextes historiques, des conditions de vie et d'information d'une époque que nous n'avons pas connue, en rejugeant tout à l'aune de nos connaissances et de notre douce sérénité actuelles, bref, en se plaçant sur le piédestal de la génération qui sait tout, d'autres s'y adonnent avec suffisamment de zèle pour ne pas avoir besoin de mon renfort. Il y a de toutes façons des aspects plus intéressants à étudier dans l’œuvre de Céline, à commencer par ce roman mythique qu'est Voyage au bout de la nuit, le tout premier de l'auteur, et de l'avis de beaucoup, le plus abouti de son œuvre. Ce texte dense à la prose populaire nous transporte au gré des pérégrinations de son narrateur - Bardamu - des champs de bataille de la guerre 14/18 jusque, approximativement, aux années 30. C'est un voyage au fil du temps, mais aussi au travers des continents, Bardamu découvre tour à tour l'Afrique (où il vit l'enfer du climat et les joies du paludisme), puis l'Amérique (où il goûte aux charmes du travail à la chaine dans des usines toutes dévouées à l'abrutissement des masses), avant de revenir en France terminer des études de médecine qu'il avait interrompues pour renforcer le contingent de chair à canon de son pays, cette patrie pour laquelle il n'éprouve pas plus d'attachement que pour le genre humain. Chaque expérience est l'occasion pour Bardamu de conforter son opinion sur la laideur intérieure de ses semblables, et c'est là que la plume de Céline fait mal. On pourrait presque se passer du reste, pour ne retenir que le florilège de réflexions qui ont valeur d'uppercut dans les convictions de tout humaniste transi. Au fond, Céline ne se montrait-t-il pas plus fervent défenseur de l'humanité que tous ces beaux parleurs en affirmant avec force et obstination son antimilitarisme sans concession à une époque où tout patriote était poussé à annihiler son voisin ? "Faire confiance aux hommes, c'est déjà se faire tuer un peu"  proclame Bardamu/Céline, ce qui ne l'empêche pas quelques incartades à ses propres règles, comme lorsqu'il rencontre la généreuse et douce Molly à New-York, ou bien, de retour en France, l'innocent petit Bébert dont il tente de sauver la vie avec acharnement. Ce sont là de belles exceptions à la règle, mais seulement deux minuscules perles dans une masse visqueuse et nauséabonde que Bardamu côtoie tout au long de ce périple cauchemardesque : sa vie.

28 janvier 2008

Albert Camus, sur l'amitié

« (...) l'amitié est distraite, ou du moins impuissante. Ce qu'elle veut, elle ne le peut pas. Peut-être, après tout, ne le veut-elle pas assez ? Peut-être n'aimons nous pas assez la vie ? Avez-vous remarqué que la mort seule réveille nos sentiments ? Comme nous aimons les amis qui viennent de nous quitter, n'est-ce pas ? Comme nous admirons ceux de nos maîtres qui ne parlent plus, la bouche pleine de terre ! L'hommage vient alors tout naturellement, cet hommage que, peut-être, ils avaient attendu de nous toute leur vie. Mais savez-vous pourquoi nous sommes toujours plus justes et plus généreux avec les morts ? La raison est simple ! Avec eux, il n'y a pas d'obligation. Ils nous laissent libres, nous pouvons prendre notre temps, caser l'hommage entre le cocktail et une gentille maîtresse, à temps perdu, en somme. S'ils nous obligeaient à quelque chose, ce serait à la mémoire, et nous avons la mémoire courte. Non, c'est le mort frais que nous aimons chez nos amis, le mort douloureux, notre émotion, nous-même enfin ! »

Extrait de La chute, d'Albert Camus.

27 janvier 2008

Tom SHARPE : Le bâtard récalcitrant

Le peu que j'avais lu sur Tom Sharpe avant l'acquisition de ce roman me laissait imaginer un style assez caustique et décalé. En marge, Tom Sharpe l'est très certainement. Corrosif, c'est moins sûr. Le bâtard récalcitrant est avant tout porté sur le caractère infiniment burlesque de ses personnages. Mais contrairement à un John Kennedy Toole dans La conjuration des imbéciles, l'auteur anglais n'a pas la même finesse, son humour est même assez gras et lourdingue, tout en restant très gentillet. Ce roman nous embarque dans le fin fond de l'Angleterre, sur le domaine aride et glacial des Flawse, vieille dynastie aristocratique dont le patriarche nonagénaire est le dernier représentant "pur sang". Le temps s'est arrêté au moyen âge dans le château familial où le vieux vit avec son petit-fils Lockhart, qu'il a élevé seul dans une tradition tout aussi archaïque que le confort de la demeure qui les abrite, et un fidèle homme de main aussi rustique que son Maître. Arrivé à l'âge adulte, Lockhart ne connait que ce que son grand-père a bien voulu lui inculquer. Il n'a jamais mis les pieds dans une école, mais n'a pas son pareil pour décimer un troupeau de moutons à la carabine. Pire, sa mère n'a jamais révélé l'identité de son père avant de mourir à sa naissance, et son grand-père a toujours refusé de salir l'honneur des Flawse en déclarant la naissance de son bâtard de petit-fils. Lockhart n'existe donc que dans la propriété des Flawse, où il jouit pleinement de la vie jusqu'au jour où il découvre l'amour en la personne de Jessica. En preux chevalier qu'il est, il s'évertue alors à la protéger et à la chérir, dans l'ignorance absolue de toute forme de sexualité, que la très fleur bleue Jessica - que sa mère a cloitré toute sa jeunesse dans un couvent pour retarder son éclosion et ainsi profiter du patrimoine dont Jessica a hérité de son père - ne connait guère plus que lui. S'ensuit une cascade de situations cocasses, burlesques, outrancières, et parfois drôles aussi, il faut bien le reconnaitre. Je pense par exemple à la libido explosive et incontrolable du vieux Flawse, à son empaillage, au tempérament de brute épaisse de Lockhart capable de toutes les ruses pour protéger les intérêts de son foyer, et puis bien sûr à son incapacité à faire l'amour avec Jessica.  On parvient donc à sourire ici et là, mais on ressort de cette lecture sans grand enthousiasme. Il y a manifestement un âge à ne pas dépasser pour se trouver parfaitement en phase avec l'humour puéril de Sharpe. Je ne me risquerai finalement pas à la lecture de la série Wilt, qui à vue de nez ne doit pas voler beaucoup plus haut.

26 janvier 2008

Albert CAMUS : La chute

Sur le papier, un monologue de 150 pages a de quoi rebuter, mais ce serait sans compter sur le talent et la force des idées de Camus qui font de cette conversation à sens unique - entre Jean Baptiste Clamence, un ancien avocat parisien exilé à Amsterdam, et un mystérieux compatriote tout juste rencontré dans  un bar - une analyse puissante de la nature humaine et des relations entre les individus. Clamence fait son procès tout au long de ce monologue, il est à la fois accusé et accusateur, il narre le cheminement de sa chute personnelle, celle d'un homme brillant dans sa profession qui peu à peu s'aperçoit de la comédie d'une vie, de sa vie comme de toute vie en société, et finit par se dégoûter de tout le soin qu'il donna à se faire passer pour quelqu'un qu'il n'a jamais été, et que personne ne sera jamais : un être désintéressé et exclusivement dévoué au service des autres. L'élément déclencheur de son désaveu tient en partie dans  sa confrontation inattendue avec le suicide d'une jeune inconnue croisée sur un pont désert, et que Clamence laisse sauter sans même essayer de lui venir en aide. Il ouvre alors les yeux et découvre la véritable source où toute sa vie il puisa son intérêt pour les autres : la quête de son propre prestige. L'analyse est naturellement cynique, mais tellement lucide.

25 janvier 2008

La vie selon Charles Bukowski

« La route que j'avais devant moi, j'aurais presque pu la voir. J'étais pauvre et j'allais le rester. L'argent, je n'en avais pas particulièrement envie. Je ne savais pas ce que je voulais. Si, je le savais. Je voulais trouver un endroit où me cacher, un endroit où il n'était pas obligatoire de faire quoi que ce soit. L'idée d'être quelque chose m'atterrait. Pire, elle me donnait envie de vomir. Devenir avocat, conseiller, ingénieur ou quelque chose d'approchant me semblait impossible. Se marier, avoir des enfants, se faire coincer dans une structure familiale, aller au boulot tous les jours et en revenir, non. Tout cela était impossible. Faire des trucs, des trucs simples, prendre part à un pique-nique en famille, être là pour la Noël, pour la Fête nationale, pour la Fête des Mères, pour... les gens ne naissaient-ils donc que pour supporter ce genre de choses et puis mourir ? Mieux valait être plongeur dans un restaurant, se rentrer chez soi dans une chambre minuscule et, seul, s'y endormir en se soûlant. »

Extrait tiré des Souvenirs d'un pas grand-chose de Charles Bukowski.

24 janvier 2008

Douglas COUPLAND : Génération X

Le canadien Douglas Coupland avait tout juste trente ans lorsqu'il sortit ce "manifeste de ceux qui ont eu l'idée imbécile de naître entre 1960 et 1970" pour reprendre une critique au sujet de ce roman, qui me paraît être l'un des plus marquants de la génération d'écrivains des années 1980/1990, celle là même qui a vu éclore Bret Easton Ellis, auquel on peut naturellement rattacher Douglas Coupland. Génération X, c'est le roman d'une génération à la dérive, une jeunesse sacrifiée sur l'autel de la Sainte Économie. C'est l'histoire de trois paumés (deux hommes et une jeune femme) accumulant les petits boulots sans lendemain, et naviguant dans un quotidien sans avenir, avec pour seule consolation la satisfaction d'avoir trouvé une amitié solide comme échappatoire à la solitude. C'est l'histoire plate d'une jeunesse sans but ni rêve, condamnée à vivre dans un monde qui n'a pas besoin d'elle. Mais Génération X, c'est surtout le roman que pourront sans doute s'approprier encore bien des générations futures sans avoir à changer grand chose pour s'identifier à leurs ainés. L'histoire ne dit pas ce qu'est devenue cette génération X quinze années plus tard, si elle a trouvé sa place dans la société. Ce qui est plus certain, c'est que la génération qui a pris le relais n'a pas plus d'avenir que les quadras d'aujourd'hui  ne pensaient en avoir.

23 janvier 2008

Tir groupé : Douglas KENNEDY


Douglas Kennedy ou comment faire le tour d'un écrivain en moins de trois romans. D'abord séduit par l'histoire riche en aventures et en rebondissements, jalonnée d'une bribe de réflexion bienvenue sur le mariage, de L'homme qui voulait vivre sa vie (admirez la couverture digne des plus succulents romans à l'eau de rose, merci Pocket...), puis agréablement surpris par le changement de cap de Cul-de-sac (son premier roman) et son aventure quasi carcérale chez des bouseux australiens (une autre réflexion sur le mariage, en somme), Rien ne va plus m'a rapidement confronté à une profonde lassitude, due principalement à la routine qui s'installe dans les histoires de Kennedy. On y retrouve visiblement toujours un personnage principal issu d'un milieu bourgeois, propre sur lui, cultivé et même un brin pédant, séducteur presque malgré lui (le côté insupportablement geignard du héros de Rien ne va plus me paraît assez incompatible avec son numéro de tombeur...), vivant toujours des histoires d'amour avec des femmes parfaites, bref, c'est finalement très conventionnel et ça ne bouge pas d'un iota ; de L'homme qui voulait vivre sa vie à Rien ne va plus, on a clairement l'impression de lire le même roman, qu'on pourrait résumer par l'histoire d'un homme au faîte de sa réussite sociale qui perd tout et doit reconstruire sa vie ; seul le nom des personnages change. Pourtant, cet américain expatrié a un talent évident de narrateur, ses histoires sont bien ficelées, bien documentées sur le milieu traité, mais il me semblerait plus dans son élément en tant que scénariste qu'en tant qu'écrivain. Ses livres ne correspondent tout simplement pas ce que j'attends d'une lecture, pour moi, il donne dans le cinéma écrit, or, je préfère le cinéma sur écran que sur papier. J'ai l'impression de perdre mon temps à lire ce genre de roman qui ne m'apporte rien, aucune (ou peu) réflexion personnelle de la part de l'auteur, pas d'univers personnel, en fait, rien de personnel, juste une histoire à lire. 

22 janvier 2008

Mary CROW DOG : Lakota Woman

La foi en la sagesse de l'homme "civilisé" inciterait à penser que l'animosité entre les Blancs et les Indiens d'Amérique s'est dissipée au fil des générations, et qu'il faut remonter à la fin du XIXème siècle pour en retrouver les dernières manifestations. Cette autobiographie de Mary Crow Dog (née Mary Brave Bird) nous démontre le contraire. Cette indienne métisse de la tribu des Lakotas (les Sioux) y raconte la reconquête de sa propre identité, de sa culture et de ses racines ancestrales, dans une Amérique des années 1960/70 qui n'a cessé de chercher à les anéantir durant plus d'un siècle. Chacun connait l'existence des réserves indiennes, ces miettes territoriales accordées gracieusement par l'immigrant Blanc triomphant à l'autochtone Indien vaincu, généralement dans le mépris de leur Histoire et des traditions des tribus concernées. Ce que l'on a tendance à ignorer, c'est la manière dont l’État Américain a cherché à annihiler toute trace de culture indienne au cours du XXème siècle, en interdisant notamment la pratique de la plupart des rituels religieux. Dans ce pays si épris de liberté, notamment de culte, les Indiens - pour la plupart forcés lors de leur reddition à se convertir au christianisme - n'avaient donc aucune latitude pour choisir leur religion et leur mode de vie. Mary Crow Dog raconte dans son livre toutes les humiliations, le déni et le racisme subi par son peuple et par elle-même, la citoyenneté à deux vitesses en vigueur dans un pays si fier de sa démocratie, et qui dit citoyenneté à deux vitesses dit également inégalité devant la justice, où dans certains États, il n'y a pas si longtemps, le meurtre d'un Indien était toujours considéré comme un délit mineur, mais où un délit mineur de la part d'un Indien était passible de sanctions pénales démesurées. Jusque dans les années 1970 (et peut-être même par la suite encore), un Indien ne pouvait pas plus faire confiance à la médecine, ni même aux services sociaux ou à l'éducation de "son" pays : Mary Crow Dog raconte les stérilisations abusives de femmes Indiennes lors de banales hospitalisations, l'habitude qui consistait à retirer les enfants à leurs parents pour mieux façonner les jeunes générations aux modes de vie et de pensée des Blancs, ou encore l'extrême dureté de la scolarisation réservée aux Indiens. Ce livre est également un témoignage de l'Histoire du mouvement contestataire Indien initié dans les années 1970 (A.I.M.), et auquel Mary Crow Dog prit part de manière active ; elle relate notamment le plus retentissant fait d'arme du mouvement : le siège du site historique de Wounded Knee (où des sioux furent massacrés en 1890 par l'armée US), en 1973. Ce livre est également parsemé de nombreux détails sur les traditions du peuple Lakota (danse du Soleil, danse des Esprits, rôle de l'Homme-Médecine, etc...), mais sa partie historique est de mon point de vue la plus forte. Avec une amertume finalement assez modérée (n'importe qui serait haineux pour moins que ça), Mary Crow Dog narre la renaissance symbolique d'une nation dépossédée de tout, y compris de sa dignité. Les récents évènements rapportés dans la presse fin décembre 2007 (déclaration d'indépendance et renoncement symbolique à la nationalité américaine de la part de dirigeants sioux, voir liens annexes) tendent à prouver que les choses n'ont pas tellement évolué ces dernières années.

Quelques liens sur la récente déclaration d'indépendance de la tribu Lakota :http://www.lexpress.fr/info/quotidien/actu.asp?id=463172&xtor=RSS-96
http://fr.wikipedia.org/wiki/Lakota_(Am%C3%A9rindiens)
http://www.republicoflakotah.com/ (en anglais)

14 janvier 2008

John FANTE : Demande à la poussière

Gros coup de foudre littéraire de fin d'année pour cet auteur américain, John Fante, celui que Charles Bukowski n'hésitait pas à désigner comme l'auteur qui lui donna envie d'écrire. Connaissant un peu l'oiseau, je me disais que son Père spirituel devait donner dans le relativement cradingue : fausse piste ! Écrit en 1939, Demande à la poussière frappe au premier abord par sa modernité. Les personnages, l'histoire, tout pourrait quasiment avoir été écrit à notre époque sans qu'on n'y voie le moindre anachronisme ou presque. Demande à la poussière, c'est l'histoire d'Arturo Bandini, jeune écrivain cherchant à percer à Los Angeles, fils d'immigrés italiens natif du Colorado, autrement dit, à peu de choses près, Arturo est le clone littéraire de Fante, qui n'hésite pas - et en cela, c'est le principal point commun avec Bukowski - à se moquer de lui-même, avec ce personnage imbu de son talent d'écrivain, sûr de sa réussite, anticipant sans cesse la postérité mais qui doute aussi paradoxalement pas mal de lui. Arturo se livre à un numéro de "je t'aime, moi non plus" palpitant avec la belle Camilla, serveuse paumée très portée sur le masochisme amoureux. Histoires d'amours impossibles, fraicheur et insouciance sont au menu de ce roman totalement contemporain malgré ses 70 ans d'âge. C'est avec le recul qu'on reconnait les grands écrivains, et pour moi, Fante fait désormais partie des incontournables du XXème siècle. Je ne ferai qu'une bouchée de son œuvre, promis, juré !
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