Sur le papier, un monologue de 150 pages a de quoi rebuter, mais ce serait sans compter sur le talent et la force des idées de Camus qui font de cette conversation à sens unique - entre Jean Baptiste Clamence, un ancien avocat parisien exilé à Amsterdam, et un mystérieux compatriote tout juste rencontré dans un bar - une analyse puissante de la nature humaine et des relations entre les individus. Clamence fait son procès tout au long de ce monologue, il est à la fois accusé et accusateur, il narre le cheminement de sa chute personnelle, celle d'un homme brillant dans sa profession qui peu à peu s'aperçoit de la comédie d'une vie, de sa vie comme de toute vie en société, et finit par se dégoûter de tout le soin qu'il donna à se faire passer pour quelqu'un qu'il n'a jamais été, et que personne ne sera jamais : un être désintéressé et exclusivement dévoué au service des autres. L'élément déclencheur de son désaveu tient en partie dans sa confrontation inattendue avec le suicide d'une jeune inconnue croisée sur un pont désert, et que Clamence laisse sauter sans même essayer de lui venir en aide. Il ouvre alors les yeux et découvre la véritable source où toute sa vie il puisa son intérêt pour les autres : la quête de son propre prestige. L'analyse est naturellement cynique, mais tellement lucide.
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Je me doutais bien que tu lirais ce livre, après "L'étranger".
Je l'ai lu en classe de Terminale (que j'ai foirée d'ailleurs, pour diverses raisons ... ). Je l'ai lu dans des circonstances particulières, puisqu'au même moment, mon cousin de 21 ans a été porté disparu et retrouvé 1 semaine plus tard dans le fleuve traversant ma ville. Tu comprends pourquoi ce livre a sur moi une portée particulière.
(cet évènement étant arrivé au mois de septembre, mon année s'est un peu arretée là ... J'ai eu bcp de mal à m'en remettre).
Bref, j'avais forcément pas aimé ce livre. Mais voilà, ça fait 10 ans maintenant, et je devrais peut-etre retenter sa lecture.
Ce qui est terrible, c'est de se dire : aurais-je pu empecher cela ? Et pourquoi n'ais-je rien essayé ?
Commentaire n°1 posté par Messaline le 27/01/2008 à 14h02
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C'est probable que tu aies un autre regard sur ce bouquin aujourd'hui. Le drame que tu as vécu au même moment a fait que tu t'es focalisée sur une partie du livre qui n'est finalement qu'un détail amenant une réfléxion plus métaphysique. En tout cas c'est comme ça que j'ai perçu ce livre.
Commentaire n°2 posté par Hank le 27/01/2008 à 15h12
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C'est sur que la relecture de ce livre me permettrait de le découvrir autrement ...
Mais je pense que je ne pourrais pas me détacher totalement de ma première impression.
Celà dit, je tenterai quand même ...
Je reviendrai t'en parler ici ...
Commentaire n°3 posté par Messaline le 28/01/2008 à 20h24
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J'ai repris la lecture de "la chute" ... ca fait bizarre, il est rare que je reprenne un livre après si longtemps ...
Je le lis tous les jours pendant mes trajets en métro. J'en suis exactement au moment qui m'avait posé problème à l'époque. Je ne me rappelais pas qu'il racontait ça à la moitié du roman ... Toute mon attention était prise par cet évènement ...
Par contre, ce que je peux dire de la première moitié, connaissant l'évènement central, c'est que j'ai eu l'impression que tout ce qu'il racontait tendait à mener à cela ...
Et ça, je m'en suis vraiment rendu compte quand, juste avant de raconter la chute de la jeune femme, il dit "ce qu'il me reste à raconter". Comme si cet évènement fut déterminant pour lui. Je pense que c'est le cas. c'est pourquoi je reviendrai quand j'aurai terminé, pour voir si effectivement son comportement me parait changé.
Commentaire n°4 posté par Messaline le 01/02/2008 à 21h19
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"j'ai eu l'impression que tout ce qu'il racontait tendait à mener à cela "
je pense que c'est l'inverse, que cet évenement l'a simplement amené à se reconsidérer sous un angle beaucoup moins angélique. C'est une sorte d'électrochoc pour lui, qui l'amène à ouvrir les yeux sur tous ses agissements antérieurs, car pour moi, la chute qu'il raconte, c'est avant tout la sienne, plus que celle de la jeune femme, enfin c'est un peu les deux, mais c'est surtout son examen de conscience qui est au centre du bouquin (pas seulement par rapport à son indifférence sur le pont), en tout cas c'est comme ça que j'ai compris le bouquin.
Commentaire n°5 posté par Hank le 02/02/2008 à 11h33