7 février 2008

Paul Morand, sur la religion

« (...) - Avez-vous l'espérance de l'au-delà ? Parlez-vous avec Dieu ?

- J'estime qu'après m'avoir joué le tour de me mettre au monde c'est à lui de me faire signe le premier. »

Paul Morand, extrait de L'homme pressé.

3 février 2008

Fedor DOSTOÏEVSKI : Crime et châtiment

Comme on peut s'en rendre compte en parcourant la liste des livres commentés sur ce blog, la littérature classique n'est pas franchement ma tasse de thé. La majorité des auteurs que j'ai tenté de lire m'ennuient rapidement. Si j'ai parfaitement conscience de l'impact qu'ont eues ces œuvres sur l'évolution de la société, par l'apport d'idées nouvelles, de regards inconvenants, ou de l'intérêt historique qu'elles représentent pour comprendre une époque, le style précieux et souvent emphatique de la plupart des auteurs des siècles passés me laisse de marbre, quand il ne me rebute pas tout simplement. Pourtant, par vice ou par crainte de passer à côté de quelque chose, je m'entête, je force ma nature, comme ici, avec Dostoïevski, ce chef de file de la littérature russe du XIXème siècle auquel on prête un tempérament assez révolté. Loin d'être déçu par sa fine analyse psychologique du repentir du jeune criminel Raskolnikov, le déroulement de l'histoire de Crime et châtiment est plombé à mon sens par les longueurs que je reproche à la plupart des romans de cette époque. La lecture de certains descriptifs de situations, de lieux (à quoi bon connaitre la disposition précise des meubles dans une pièce ?), rend la lecture assez laborieuse sur certains passages. Des 900 pages que compte l'édition que j'ai lue (différente de l'illustration), il m'a semblé qu'on aurait pu se passer du tiers en dépouillant le texte des passages superflus. Mais vous allez dire : pour qui se prend-il celui là, pour se permettre de donner des leçons à un écrivain aussi illustre ? Pas faux. Le principal intérêt de ce livre, pour moi, c'est donc sa psychologie, le basculement progressif vers la paranoïa la plus aiguë de Raskolnikov est décrit avec une précision sans doute rarement atteinte. Les relations entre les différents personnages sont également rondement menées. A ce titre, le jeu du chat et de la souris que se livrent Raskolnikov et le rusé juge Petrovic est très intéressant, tout comme la relation complexe entre Raskolnikov et le cynique Svidrigailov. L'histoire d'amour entre Raskolnikov et Sonia est à l'inverse peu passionnante, car lestée d'une pudeur embarrassante. Je suis donc toujours à la recherche du roman classique qui me fera chavirer, celui qui ne se perdra pas dans les affres de l'esthétisme indigeste et de l'épique surjoué, mais qui au contraire foncera tête baissée dans les convenances. Je doute que ce roman ait été écrit avant le XXème siècle.

2 février 2008

Jorn RIEL : La maison des célibataires

Une petite excursion au pôle Nord pour se rafraichir les idées. Un très court roman pour s'initier en douceur à la littérature scandinave. Je ne m'attendais à rien de particulier, si ce n'est à trouver un récit léger, sans « prise de tête ». C'est précisément ce qui se dégage de cette sorte de fable sans prétention, dans laquelle le Danois Jorn Riel nous dresse le portrait d'une petite communauté de célibataires endurcis et jouisseurs, dont la seule préoccupation quotidienne est de laisser libre cours à leur incommensurable paresse. Se sentant vieillir, la bande de vieux garçons se retrouve subitement en proie à l’inquiétude quant à son avenir. Ils se mettent alors en quête d'une solution pour assurer leurs vieux jours sans remettre en cause leur penchant sybaritique. Rien de bien original dans ce récit susceptible d'intéresser les plus jeunes, et de divertir rapidement les autres. La concision est un de ses atouts, car un texte plus long eût très certainement amené une lassitude tant le développement de l'histoire est convenu et gentillet. Il ne faut pas chercher midi à quatorze heures, ce minuscule roman est à prendre comme une récréation, et rien de plus.

« (...) C'est toujours fascinant et un peu désolant de voir ce qui arrive à un homme une fois qu'une femme lui a mis le grappin dessus. Dans ce cas, c'est comme s'il ôtait, sans honte, sa vieille existence comme une chemise sale et en revêtait une nouvelle sans même vérifier si elle lui allait. (...) » (pp.37-38)

1 février 2008

Jim HARRISON : Nord-Michigan

Tout comme Un bon jour pour mourir, qui m'avait beaucoup enthousiasmé cet été, Nord-Michigan est l'un des premiers romans de Jim Harrison. L'auteur y traite du difficile passage du cap de la quarantaine, à travers l'histoire de Joseph, instituteur de campagne, fils de fermiers d'origine suédoise. Joseph vit seul avec sa mère mourante, a la tête pleine de projets qu'il n'a jamais eu la volonté de réaliser, et ploie sous le poids des sollicitations de son amie d'enfance Rosealee qui après six ans de relations amoureuses complexes serait désireuse de s'engager. De plus, l'école dans laquelle il enseigne va fermer, amenant Joseph à se remettre en question professionnellement. Doit-il accepter une mutation, ou reprendre la ferme de ses parents ? Joseph est en plein doute et n'a aucune idée de ce qu'il désire vraiment. Sa vie se complique lorsque Catherine, une élève de 17 ans aussi jolie qu'instable et délurée, se met à lui tourner autour. Joseph ne tarde pas à céder aux avances de la jeune fille, en dépit de son amour pour Rosealee et du poids de la morale. A travers la jeunesse de Catherine, Joseph se sent revivre, mais les échéances qui le guettaient le rattrapent vite. Il y a sans doute beaucoup de Jim Harrison dans le personnage de Joseph, qui souffre comme lui d'une infirmité (une jambe grièvement blessée durant son enfance, Harrison ayant pour sa part perdu un œil dans son enfance), des origines suédoises (que Harrison tient de sa mère), et bien sûr le Michigan où Harrison a lui-aussi grandi, sans oublier l'amour de la nature partagé par l'auteur et son personnage. Comme sans doute dans tous les romans de Jim Harrison, cette nature est omniprésente, son souci du détail rend palpable au lecteur cet environnement rural chargé d'authenticité. Les personnages sont comme toujours très forts et attachants, et l'histoire suffisamment prenante pour retenir l'attention tout au long du roman. Je garde toutefois une préférence pour Un bon jour pour mourir, peut-être pour le côté plus impliqué de son récit à la première personne (peut-être Harrison était-il gêné par l'aspect immoral de l'aventure de Joseph avec la jeune Catherine, toujours est-il qu'il a opté pour une narration à la troisième personne que je trouve généralement moins captivante), mais cette plongée existentialiste dans l'Amérique des années 60, piétinant un peu la morale chrétienne sans pour autant donner dans l’obscène, reste une lecture tout à fait recommandable pour qui s'intéresserait à Jim Harrison. Prochaine étape en ce qui me concerne : Dalva.
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