L'intégrale de ces entretiens radiophoniques est disponible en coffret cd chez Frémaux et Associés / INA / SCAM.
13 avril 2011
9 avril 2011
Premières lignes : Les épées de ROGER NIMIER
« Ça commence par un petit garçon plutôt blond qui laisse aller ses sentiments. Le visage de Marlène Dietrich, plein de sperme, s'étale devant lui. Sur le magazine grand ouvert, le long des jambes de l'actrice, des filets nacrés s'entrelacent comme la hongroise d'argent sur le calot d'un hussard.
Il se lève et s'approche d'un bureau. Il s'assied. Il ouvre un tiroir. Dans un carnet de blanchisseuse à couverture de molesquine noire, il cherche la bonne page. Il écrit : 22 mars 1937 : 8. Il tire une barre et additionne 8 au chiffre précédent. Puis il note : 1454, dans une troisième colonne. « Rien ne vaut une comptabilité bien à jour », dit-il à voix basse. Il écarquille les yeux et va se regarder dans la glace. On ne parle pas tout seul, à moins que d'être fou. Cependant, Larousse dit des choses très fortes sur les résultats néfastes du plaisir solitaire. Ils appellent ça le plaisir. Salaud de Larousse. (...) »
Roger Nimier, Les épées (1948).
7 avril 2011
Paul Léautaud / Robert Mallet : extrait de l'entretien n°11 (la poésie, Verlaine, etc...)
J'entreprends ici la mise en ligne de quelques extraits des fameux entretiens radiophoniques enregistrés par Paul Léautaud en 1950 et 1951, avec le journaliste Robert Mallet.
Ce premier extrait avait déjà été posté en octobre dernier, dans une version plus courte.
L'intégrale de ces entretiens radiophoniques est disponible en coffret cd chez Frémaux et Associés / INA / SCAM.
Henri CALET : Les grandes largeurs
Si je voyais quelque analogie entre la vision du monde de Henri Calet et celle de Céline dans La belle lurette, il est préférable de l'oublier très vite lorsqu'on aborde la lecture de ce récit, Les grandes largeurs, qui n'est pas vraiment un roman mais plutôt un carnet de souvenirs, et un hommage à Paris, celui de l'enfance de Calet et celui des années 50 à l'époque où l'écrivain a publié ce texte.
C'est sur une juxtaposition constante entre présent et passé qu'est construit le livre. On suit le cours des souvenirs de l'auteur, qui nous mène du 14ème arrondissement où il vivait, jusque dans les beaux quartiers du 17ème où il a grandi, en passant, notamment, par l'Étoile, le Trocadéro (où il évoque l'ancien Palais du même nom) et la porte Maillot où Calet déplore le démantèlement du parc d'attraction « Luna-Park » qu'il connut dans son enfance.
C'est le livre d'un flâneur nostalgique, mais d'un nostalgique apaisé, car s'il regrette la plupart des changements dont il est témoin, on ne ressent plus la colère qui pouvait apparaître sourdement dans La belle lurette.
Dans ce livre, écrit quelques années avant sa mort prématurée, Calet se raconte sur un ton léger, presque anodin. Et bizarrement, c'est cette quiétude innocente qui donne du charme au livre.
C'est sur une juxtaposition constante entre présent et passé qu'est construit le livre. On suit le cours des souvenirs de l'auteur, qui nous mène du 14ème arrondissement où il vivait, jusque dans les beaux quartiers du 17ème où il a grandi, en passant, notamment, par l'Étoile, le Trocadéro (où il évoque l'ancien Palais du même nom) et la porte Maillot où Calet déplore le démantèlement du parc d'attraction « Luna-Park » qu'il connut dans son enfance.
C'est le livre d'un flâneur nostalgique, mais d'un nostalgique apaisé, car s'il regrette la plupart des changements dont il est témoin, on ne ressent plus la colère qui pouvait apparaître sourdement dans La belle lurette.
Dans ce livre, écrit quelques années avant sa mort prématurée, Calet se raconte sur un ton léger, presque anodin. Et bizarrement, c'est cette quiétude innocente qui donne du charme au livre.
« A partir de l'Alma, il semble que l'on accède à une autre ville : les autos sont plus brillantes que chez nous, les bâtisses sont plus belles, les femmes aussi (on ferait bien une prisonnière), elles doivent porter des « soucoupes volantes » ; il semble que l'existence ait plus de prix, qu'elle vaille davantage ; il semble même que la qualité de l'air soit quelque peu différente, plus fine. On a l'illusion d'être à l'étranger, en transit seulement. (...) » (p.27)
« Et la station de métro « Obligado » a été débaptisée : elle est devenue : « Argentine ». J'aime mieux « Obligado », c'est plus doux à l'oreille, et puis cela nous rappelait une autre victoire française remportée je ne sais où ni sur quel ennemi, mais n'importe. On chercherait à nous démoraliser systématiquement que l'on ne s'y prendrait pas autrement. (...) » (p.54-55)
« Giraudoux, mort ; Fargue, mort... Mort en quatre lettres. Pas de semaine que je ne sois forcé de rayer un nom, ou deux, sur mon carnet d'adresses. Partis sans laisser d'adresse. J'écris de moins en moins. A la longue, on n'aura plus que des morts dans ses relations. Je n'écrirai plus du tout. On s'appuie sur trop de cadavres, ça finira par céder un jour ; on va se casser la figure. (...) » (p.18-19)
6 avril 2011
Céline, sur la lassitude
« (...) A mesure qu'on reste dans un endroit, les choses et les gens se débraillent, pourrissent et se mettent à puer tout exprès pour vous. »
Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit ; Gallimard / Folio (1932)
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