27 janvier 2008

Tom SHARPE : Le bâtard récalcitrant

Le peu que j'avais lu sur Tom Sharpe avant l'acquisition de ce roman me laissait imaginer un style assez caustique et décalé. En marge, Tom Sharpe l'est très certainement. Corrosif, c'est moins sûr. Le bâtard récalcitrant est avant tout porté sur le caractère infiniment burlesque de ses personnages. Mais contrairement à un John Kennedy Toole dans La conjuration des imbéciles, l'auteur anglais n'a pas la même finesse, son humour est même assez gras et lourdingue, tout en restant très gentillet. Ce roman nous embarque dans le fin fond de l'Angleterre, sur le domaine aride et glacial des Flawse, vieille dynastie aristocratique dont le patriarche nonagénaire est le dernier représentant "pur sang". Le temps s'est arrêté au moyen âge dans le château familial où le vieux vit avec son petit-fils Lockhart, qu'il a élevé seul dans une tradition tout aussi archaïque que le confort de la demeure qui les abrite, et un fidèle homme de main aussi rustique que son Maître. Arrivé à l'âge adulte, Lockhart ne connait que ce que son grand-père a bien voulu lui inculquer. Il n'a jamais mis les pieds dans une école, mais n'a pas son pareil pour décimer un troupeau de moutons à la carabine. Pire, sa mère n'a jamais révélé l'identité de son père avant de mourir à sa naissance, et son grand-père a toujours refusé de salir l'honneur des Flawse en déclarant la naissance de son bâtard de petit-fils. Lockhart n'existe donc que dans la propriété des Flawse, où il jouit pleinement de la vie jusqu'au jour où il découvre l'amour en la personne de Jessica. En preux chevalier qu'il est, il s'évertue alors à la protéger et à la chérir, dans l'ignorance absolue de toute forme de sexualité, que la très fleur bleue Jessica - que sa mère a cloitré toute sa jeunesse dans un couvent pour retarder son éclosion et ainsi profiter du patrimoine dont Jessica a hérité de son père - ne connait guère plus que lui. S'ensuit une cascade de situations cocasses, burlesques, outrancières, et parfois drôles aussi, il faut bien le reconnaitre. Je pense par exemple à la libido explosive et incontrolable du vieux Flawse, à son empaillage, au tempérament de brute épaisse de Lockhart capable de toutes les ruses pour protéger les intérêts de son foyer, et puis bien sûr à son incapacité à faire l'amour avec Jessica.  On parvient donc à sourire ici et là, mais on ressort de cette lecture sans grand enthousiasme. Il y a manifestement un âge à ne pas dépasser pour se trouver parfaitement en phase avec l'humour puéril de Sharpe. Je ne me risquerai finalement pas à la lecture de la série Wilt, qui à vue de nez ne doit pas voler beaucoup plus haut.

1 commentaire:

  1. je ne connais pas ce livre mais en revanche j'ai lu le tome Wilt tome 1 et j'ai apprécié ce livre qui a le mérite de nous détendre.
    L'humour décalé de cet auteur est intéressant même si parfois vraisemblance est trop forte .. mais dans l'ensemble la proportion entre l'humour, l'invraisemblance et le petit fond de vérité est intéressante..
    kifud

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