26 juin 2014
Jules Renard, sur les critiques littéraires
«
— (...) Répondez à ces critiques ; répondez-vous ?
— Jamais. Ou plutôt si, toujours. J'écris la réponse, aussi spirituelle, accablante, méprisante, définitive que je peux, mais je ne l'envoie pas.
— Vous la déchirez ?
— Je la garde !
— Pourquoi ?
— Parce qu'au moment de cacheter la lettre, à la dernière seconde, on a la vision nette de l'homme inutile, irresponsable, affolé et douloureux que doit être un critique professionnel, la notion claire de l'indulgence et de la pitié qu'il mérite ! Ce n'est pas un adversaire, ce n'est, comme on l'a défini, qu'un monsieur indiscret qui se mêle de ce qui ne le regarde pas ! A la vanité succède l'orgueil. On se dit : « Ah ! non, tout de même. » Et on serre la lettre dans un tiroir ! Elle est écrite, ça suffit.
(...)
»
Jules Renard, L’œil clair (1913) ; Gallimard.
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