24 octobre 2010

Henry MILLER : Printemps noir

Henry Miller est un écrivain déroutant. J'en avais eu un petit aperçu avec Tropique du Cancer, dont la lecture m'avait globalement ravi, à l'exception de quelques passages qui me paraissaient au minimum dépareillés au reste de l’œuvre, et au pire, sérieusement abscons. Mais j'avais été plus largement séduit que rebuté, et la suite logique était d'enchaîner la lecture de son premier roman avec la deuxième pièce de son triptyque des Tropiques. En fait, si je ne l'avais lu quelque part, je n'aurais pu  deviner cette filiation entre les deux œuvres. Il ne faut pas chercher dans ce livre une continuité à Tropique du Cancer : d'une part, Printemps noir se présente sous la forme d'un recueil de nouvelles autobiographiques, et non d'un roman. Et puis, il n'y a pas entre ces deux livres de cohérence chronologique, dans Printemps noir, Miller nous parle aussi bien de son enfance new-yorkaise avant son expatriation en Europe, que de sa vie parisienne, ou bien d'autres sujets plus difficilement cernables, et parfois même, à mon avis, totalement inintéressants (comme « Je porte un ange en filigrane », où il est question de peinture, abordée sous un angle assommant). Le lien entre Tropique du Cancer, Printemps noir et Tropique du Capricorne, c'est en fait surtout le lieu où Miller rédigea ces trois ouvrages autobiographiques : Paris.
 
Il faut bien le dire, la lecture de Printemps noir a été pour moi longue et laborieuse. Après l'attraction qu'avait exercé sur moi Tropique du Cancer, je ne savais plus à qui j'avais affaire. Écrivain de génie ou raseur prétentieux et insignifiant ? Henry Miller est probablement les deux à la fois. Tour à tour capable du meilleur comme du plus pénible, il reste tout de même un écrivain à lire. Parce que comme tout écrivain digne de ce titre, Miller est porté par des inspirations soudaines, parce que lorsqu'il s'astreint à la sobriété, son style et son sens de la narration sont d'une absolue fluidité, et que, par dessus tout, la justesse dans ces moments délectables semble occuper le centre de sa démarche littéraire. Alors s'il faut, pour tomber sur ces éclairs de lucidité et de génie, supporter une facette de sa personnalité qui me rebute, je suis quand même prêt à m'y résoudre. D'autant plus que Printemps noir n'est pas forcément le livre le plus représentatif de son œuvre. La lecture du plutôt remarquable Cauchemar climatisé eut tendance à me le confirmer.

1 commentaire:

  1. Tout de même dans Printemps noir, la nouvelle "un samedi après midi" sur les urinoirs parisiens et leur rapport avec Virgile est vraiment géniale!

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