29 septembre 2010

Georges DARIEN : Biribi

« Georges Darien (né Georges Hippolyte Adrien, le 6 avril 1862 et mort le 19 août 1921, à Paris) est un écrivain français de tendance anarchiste. Marquée par l'injustice et l'hypocrisie, son œuvre, qui regroupe romans, pièces de théâtre, participations à des magazines littéraires, etc. se place sous le signe de la révolte et de l'écœurement. Oublié après sa mort, il est redécouvert après la réédition du Voleur en 1955 et de Bas les cœurs ! en 1957. » (source : Wikipedia)
 
D'abord, j'aurais presque envie de retirer le mot "anarchiste" de sa biographie, parce qu'il y a beaucoup de fantasme et d'incompréhension autour, c'est un étendard passe-partout où on trouve tout et souvent n'importe quoi. Darien se définissait-il lui-même comme un anarchiste ? Je n'en sais rien, mais dans le seul roman que j'ai pour l'instant lu de lui, il ne cherche pas à s'intégrer à quelque mouvement que ce soit. Il est écœuré par ce qu'il voit, et c'est tout.

Biribi est un roman autobiographique, un roman qu'on pourrait presque qualifier de roman de jeunesse, même si Darien avait 28 ans à sa sortie. En tout cas, c'est un texte parfois exalté, mais qui laisse également place à des moments plus mesurés, sur sa façon de percevoir ce qu'il a vécu. Un roman à la première personne et au présent, d'une écriture fluide et simple, qui lui donne un aspect étrangement moderne.

Que raconte Darien dans ce roman ? Son engagement dans l'armée française à l'âge de 19 ans, sans trop savoir où il met les pieds, ou plutôt, en le redoutant dès les premières lignes, lorsqu'il retrouve son père après avoir passé la visite médicale et signé son engagement. C'est le récit d'un jeune homme qui refuse d'obéir sans réfléchir comme les « bêtes de somme » qui l'entourent. Le récit d'un insoumis qui va très vite passer de la relative douceur de vivre dans les casernes françaises à l'enfer des camps disciplinaires tunisiens, où le seul but est de casser les hommes, par le travail et par les règlements souvent iniques. Darien raconte son calvaire mais il ne s'apitoie pas, il entretient sa haine des valeurs militaires et son dégout de la société toute entière. Lui-même issu d'un milieu plutôt aisé, il vomit un système dont la seule finalité est de servir les puissants. On pourrait lui prêter des idées révolutionnaires ou communistes si on s'en tenait là. Mais Darien est tout autant écœuré par le peuple, dont la bêtise et la docilité le sidèrent.

A travers ce récit, Darien dénonce le mode de fonctionnement des camps disciplinaires. La corruption des gradés, le sadisme et la vilenie des gardiens, les abus de pouvoir quotidiens, les privations de nourriture, de femmes, et les dérives qui en découlent (Darien aborde sans trop de tabous, même s'il reste dans la suggestion plus que dans la description, les relations homosexuelles entre prisonniers), la veulerie de ses camarades, etc...

Dans ce roman, Darien développe une pensée que je qualifierais un peu exagérément d'anti-patriotique. C'est le fondement du patriotisme qu'il exècre, l'aveuglement qui nourrit ce sentiment plus que le rejet du pays qui l'a vu naître. Darien ne semble pas prendre position contre son pays, mais contre la bêtise qui pousse les masses à avaler toutes les sornettes qu'on leur présente.

Il ressort en quelque sorte de ce roman que ni les uns (les puissants) ni les autres (le peuple) ne valent la peine qu'on les défende.

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