23 septembre 2010

Louis-Ferdinand CÉLINE : Mort à crédit

Généralement, Mort à crédit est cité comme l'un des deux incontournables de l’œuvre de Céline, avec Voyage au bout de la nuit. J'aurais personnellement même tendance à le placer devant. La raison à cela, je ne la cerne pas très précisément, sans doute suis-je simplement plus sensible au thème abordé par l'auteur : son enfance, ou plus exactement son adolescence et ses difficultés à trouver sa place dans la société, à honorer la fierté de ses parents en se comportant en jeune adulte responsable.
 
Mort à crédit est le roman des premières de l'auteur : premiers emplois, première expérience sexuelle, premiers éloignements de son écrasante famille. Tour à tour, Ferdinand enquille les expériences, et chaque fois, le jeune homme montre de sérieuses aptitudes pour le strike. Rien ne tourne comme sa mère le souhaiterait, tout est prétexte à satisfaire l'exaspération perverse de son père, jamais avare de remontrances, mais jamais très doué pour donner l'exemple.
 
Mort à crédit est aussi un voyage, il nous embarque dans le Paris du début du 20ème siècle, Passage Choiseul (renommé Passage des Bérésinas) où la mère de Ferdinand tient une boutique de dentelles anciennes, en banlieue parisienne où le jeune Ferdinand assiste sa mère sur les marchés, ou encore en Angleterre, dans un pensionnat où l'on cherche à canaliser les mauvais penchants du fils indigne.
 
C'est aussi le roman des premières rencontres, parfois passionnées, parfois néfastes, d'autres fois déterminantes mais d'apparence anodine, mais toujours chargées d'une certaine véhémence. Il n'y a pas de juste mesure avec Céline. Ferdinand tombe amoureux en Angleterre, trouve en son oncle un soutien de circonstance, et est pris sous le patronage d'un inventeur excentrique et roublard (Courtial des Pereires), avec lequel il trouve une certaine sérénité, toute relative il est vrai.
 
Avec ce roman, le style célinien s'affirme, l'oralité n'y atteint pas encore son paroxysme, la prose est fluide, limpide, et Céline nous abreuve de réflexions et d'aphorismes sur la laideur du monde avec la verve qu'on lui connait. Violent, drôle, désespéré, emporté, innocent, léger, sombre, Mort à crédit est tout cela à la fois. C'est à mon avis le roman à recommander pour découvrir Céline, mais là où nombreux seront les gens pour affirmer qu'on peut aisément s'arrêter à ce second roman dans l’œuvre de Céline, j'affirmerais tout aussi doctement, pour ma part, qu'il fait partie d'un tout indivisible, et que chaque livre apporte un éclairage sur le génie de cet homme à la personnalité complexe et passionnante.

1 commentaire:

  1. ANCIENS COMMENTAIRES (OVERBLOG)
    +++++++++++++++++++++++++++++++

    C'est le "négatif" de son enfance : pour preuve, il a interdit à sa mère de le lire ! (ce qu'elle respecta jusqu'à sa mort)

    Commentaire n°1 posté par Zorglub le 27/09/2010 à 14h46

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