28 septembre 2010

Tristan EGOLF : Le seigneur des porcheries

En étudiant rapidement l'histoire de Tristan Egolf et son oeuvre, le parallèle avec John Kennedy Toole s'impose naturellement. Comme l'auteur de La conjuration des imbéciles, Egolf a mis fin à sa vie à une trentaine d'années (33 ans), et toujours comme Toole, Egolf est l'auteur d'une peinture sociale du seul contre tous, faite d'outrance et de bizarreries.
 
Le seigneur des porcheries narre l'histoire de John Kaltenbrunner, un individu hors norme, replié sur lui-même, d'une intelligence supérieure, mais d'un comportement plutôt rustre. Le récit couvre plusieurs années de sa vie, de son enfance sans père à son entrée dans la vie d'adulte. C'est l'opposition d'un homme seul et incompris contre une population arriérée à l'âme et aux usages hideux. Une population vicieuse, où la charité n'a rien d'un élan altruiste mais cache des intérêts individuels, où le petit est méprisé par le moins petit, où la différence est considérée dans toutes les têtes comme une tare impardonnable. Un monde qui derrière la caricature ressemble étrangement au nôtre.
 
Comme chez Toole, derrière l'outrance de l'univers et des personnages, il y a donc le renvoi à la réalité. On peut y voir une critique du comportement grégaire des individus, et plus distinctement un regard sans complaisance sur la nature et les motivations des hommes. Nature profondément vile, faite de cupidité, de cruauté,  de bassesse ; en un mot : d'abjection.
 
A la différence de La conjuration des imbéciles, le roman d'Egolf donne moins dans le burlesque. Les situations rencontrées sont souvent cocasses, mais le déferlement de violence rencontré par John Kaltenbrunner est nettement plus rude ; toutefois, la narration distanciée de l'auteur et la relative légèreté qui en émane offre des appels d'air bienvenus à ce long roman, considéré par beaucoup comme un classique de ces 15 dernières années (le roman a été publié en 1998), mais il faut dire que la concurrence en la matière n'est pas spécialement rude.

1 commentaire:

  1. Bonsoir Cédric,

    J'ai lu les 2. Plus précisément, j'ai lu le Toole parce qu'il est effectivement souvent comparé au roman d'Egolf (ou l'inverse). Je dois avouer avoir été déçue par La conjuration des imbéciles, que j'ai trouvé, après environ 130 pages, vain et redondant.
    En revanche, Le seigneur des porcheries reste un souvenir de lecture très très fort...

    Bonne soirée.

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